Parcourir sa route et rencontrer des merveilles, voilà le grand thème — spécialement le tien.
Cesare Pavese, Le métier de vivre

Paris

Smaïl

Je me suis beaucoup posé cette question de ce que peut représenter le lieu où l'on est né et enfin je suis arrivé à cette réponse toute simple : la coïncidence avec le moment où l'on a ouvert les yeux pour la première fois. Pour moi, et cela me met en agitation d'y penser, pour contourner la question je me dis que chaque lieu sur cette terre en vaut un autre et que ça n'a donc aucune importance. Le lieu de mort, celui où l’on fermera les yeux a la même importance, c'est-à-dire aucune.
J'ai fait la grasse matinée puis j'ai déjeuné et j'ai fait une visite rapide au cnam pour m'y inscrire, puis de là à la cité des métiers. Je pensais au programme que j'allais venir chercher pour savoir à quels ateliers m'inscrire avant d'aller travailler dans le centre d'accueil pour femmes en difficulté.

Franck

Je suis né à Melun, en Seine et Marne. C’est pour moi une ville plutôt tranquille comparée à Paris, où il n’y a pas grand chose à faire pour se divertir quand on est jeune. Je l’ai quittée après mon bac pour continuer mes études d’abord à Nanterre puis à Montrouge, et je n’y suis plus revenu autrement que ponctuellement, pour rendre visite à mon frère ou y voir une amie.
L’image qui me vient à l’esprit spontanément, c’est une vue depuis un pont qui enjambe la Seine (qui traverse la ville), et duquel on peut voir le bâtiment à la fois imposant et lugubre de la Centrale de Melun, prison où sont incarcérés de grands bandits.

Sabrina

Je suis italienne, je suis en France depuis deux ans et demi car la crise est arrivée en Italie et elle m'est arrivée aussi à moi. Je voulais avoir d'autres expériences, voir comment c'était à l'étranger.
Ma première expérience ici est comme jeune fille au pair, ensuite je me suis trouvée très bien à Paris, surtout au début. J'ai commencé à connaître la vie frénétique parisienne.
Ici il y a beaucoup plus d'aide qu'en Italie pour trouver un travail, bouger mieux dans la vie.

Sissoko

Je suis né à Bamako (Mali).
Mon enfance est inoubliable, il ne se passe pas une journée sans que des souvenirs me reviennent.
Je viens de Paris 19ème.
Sur mon chemin en venant j'ai remarqué des comportements pas normaux de certaines personnes dans le métro (fraude de transport, les insultes).
Je suis ici en vue de ma reconversion professionnelle (je suis en accident de travail) pour chercher une formation.

Audrey

- Née à Paris XIIe.
- Je viens de Paris.
- Sur mon chemin j'ai pensé à mon avenir et ressenti un mélange d'impatience et d'appréhension.

Vithursan

Je suis né à Saint-Denis et je ne vois pas ce qu'il y a de si merveilleux à être né là, mais je pense que c'est une chance d'être né dans un pays développé, dans le pays de l'égalité, de la fraternité et de la liberté.
Je suis venu ici en tramway et en métro et j'ai remarqué que sur cette ligne depuis la Courneuve, le contexte est très différent de ce qu'on pourrait remarquer à quelques kilomètres d'ici, dans les beaux quartiers de Paris. Prenez un bout de trottoir de la Courneuve et un bout de trottoir de Paris 16 ou 5, on voit que les gens sont différents, que ce n'est pas entretenu de la même façon... On dit que c'est le pays de l'égalité mais dans la réalité ce n'est pas vraiment ça. On n'a pas tous la même chance d'étudier, de réussir, d'avoir les mêmes diplômes.

Isabella

Je suis née à Paris, rue des Dames, dans le 17ème.
Emotion : La main de mon père qui me donne l'allégresse, la fantaisie, la force. Nous avancions en sautillant d'un pied sur l'autre pour aller à la crèche-pilote.
Une pensée liée à l'appartement : mon père fait de la crème chantilly et j'attends qu'elle soit dégustable, c'est-à-dire un temps long...
Images : le Prisunic de la rue Lévis, rempli de jouets pour Noël et le devoir de choisir...

Myriam

Je suis née en Algérie, j'aime l'air frais là-bas, le soleil et les reliefs. Ici à Paris il n'y a pas de reliefs, que du bâti.
Je suis venue de la maison, à pied. J'ai remarqué le trafic, beaucoup de voitures qui se pressent dès que le feu vert s'allume, les gens qui se protègent du froid à l'intérieur des brasseries et je préfère les voir assis sur les terrasses, le bruit des trains sur le pont et les SDF. Ça fait mal au coeur de voir des femmes enroulées dans des couvertures avec leur cabas près d'elles et leur regard triste et perdu dans la nature. Ce sont des personnes normales, qui pourraient être actives, et elles acceptent cette situation, j'ai envie de les approcher et de leur dire : il ne faut pas te laisser faire, il faut que tu te battes ! La vie n'est pas toujours facile mais il y a toujours un moyen de s'en sortir !

Alexandra

Je suis née à Paris 14ème et jusqu’à il y a deux mois j’étais à Londres où j’ai vécu 10 ans.
J’ai remarqué depuis mon arivée un changement assez radical dans la façon dont les gens se comportent en France. Paris a un peu perdu its French Touch.

Bertrand

Je suis un breton "exilé" à Paris depuis 10 ans.
Ainsi a démarré une nouvelle vie, souhaitée au départ et conseillée au niveau professionnel (je fais du marketing), et qui m'enchante beaucoup moins aujourd'hui.
Ce rejet de la ville s'associe à un rejet du marketing et de ma société (mais difficile d'indiquer la part de chacun dans cette volonté de changement) et c'est la raison pour laquelle je suis aujourd'hui à la Cité des Métiers.
J'espère y trouver des éléments de réponses, car elles sont assez floues pour l'instant.
Depuis que je suis entré dans la vie active, mes aspirations professionnelles et personnelles ont évolué, sans que ce ne soit vraiment le cas pour mon travail.
Il y a dix ans, j'aspirais à travailler dans un grand groupe, avoir une bonne situation à mes yeux et aux yeux des autres et le marketing semblait être le meilleur choix.
Aujourd'hui, être assis derrière un bureau 10 heures par jour à manipuler des chiffres et trouver la meilleure idée pour vendre toujours plus à des gens qui n'ont pas besoin de mon produit m'exaspère.
Je souhaite me réaliser dans ma vie professionnelle et non plus uniquement dans ma vie personnelle : "faire" et non plus "faire faire", être libre pour déployer mes idées et m'épanouir, être fier de ce que je fais et ne plus me répéter régulièrement "l'enfer, c'est les autres". Pas facile.
Et tout ça en Bretagne de préférence !

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