Je ne me rappelle plus lequel des trois astronautes de la mission Apollo 11 confia dans une interview en substance ceci : « Lorsque j’ai aperçu notre Terre bleue, si minuscule si vulnérable dans l’immensité de l’espace, cela m’a serré le cœur. »
Chaque fois que je regarde cette photo je pense à cette phrase et mon cœur se serre aussi, à l’idée confuse que j’aurais pu être astronaute et faire la même déclaration mais que n’ayant jamais eu cette expérience de voir la terre d’aussi loin, je ne peux mesurer ma perspective qu’à mon échelle, contrainte par la gravité et momentanément soulagée par le souvenir d’une philosophie lycéenne : Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. (…) par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit ; par la pensée, je le comprends.
J’ai pris cette photo le jour de mon arrivée à la Cité des métiers.
La Cité des métiers ne se voit pas sur cette photo pourtant elle est là, entre deux infinis aussi : le planétarium et l’aquarium des eaux profondes.
Cité engloutie au carrefour de couloirs
et de couloirs
et de couloirs
la Cité des métiers occupe au sous-sol de la Cité des Sciences un espace mystérieux et c’est normal, puisque le mot métier selon le dictionnaire résulte de la contraction du terme Ministerium altéré en mysterium qui donne ainsi Mystère. Mystère en effet que cette activité de l’homme sur Terre qu’on appelle métier, mais au fait quoi, lequel ? Celui qui déjà tout petit : quel métier veux-tu faire quand tu seras grand ? se poursuit plus tard : il faut avoir un vrai métier !
nous poursuit toute la vie : je fais mon métier moi Madame !
Fierté ou désolation d’un métier qu’on a choisi ou pas, qu’on exerce ou non, auquel nous sommes identifiés, contraints ou réduits. Mystère d’un métier qui ne procure pas forcément un emploi, des revenus, et donc une véritable place dans la société.
Mystère d’un métier sans lequel dit-on nous ne sommes rien mais avec lequel pourtant nous ne sommes pas tout.
Alors il faut explorer, inverser peut-être, habiter un moment la Cité des métiers où nous mènent nos pas perdus pour retrouver le sens de notre métier dans la Cité. Spationaute en ton espace intérieur quitte la pesanteur, respire et considère ta place parmi la multitude : mon métier dans la Cité est avant tout Le métier de vivre.
